Dupuy, A., Lessard, M. et Zaccour, S. (2023). Grammaire pour un français inclusif : Nouvelle édition revue et augmentée. Somme toute.
On aime, car :
Dans ce livre, les auteur·ices reconnaissent d’emblée la langue comme étant un lieu de pouvoir, sa constitution reflétant les normes dominantes dans notre société. Iels présentent la communication inclusive comme un moyen de contribuer à l’égalité des genres dans un contexte où le générique masculin contamine nos représentations collectives sur le monde.
Certains mythes décortiqués dans ce livre sont particulièrement susceptibles d’intéresser les orthophonistes. C’est le cas des mythes voulant que l’écriture inclusive nuise à la lecture ou soit inaccessible aux personnes aveugles. De plus, le livre permet de découvrir différentes techniques de communication inclusive à l’oral et à l’écrit, avec des exercices et des corrigés. Des apprentissages garantis qui vous permettront d’améliorer vos pratiques!
Ressources additionnelles :
Guides d’écriture inclusive
En plus de l’ouvrage proposé ci-dessus, il existe une grande diversité de guides d’écriture inclusive. Notre équipe aime notamment les suivants, qui sont gratuits et accessibles en ligne :
- celui de la FEMUL (2020) de l’Université Laval pour sa prise en compte à la fois des enjeux féministes et des enjeux de pluralité des genres;
- celui de Divergenres (2021) pour sa conciliation entre les enjeux d’inclusion de la pluralité des genres et les enjeux de protection de la langue : « Si nous voulons préserver la langue française, celle-ci doit évoluer ».
« Lisibilité » de l’écriture inclusive
Dans un énoncé de position intitulé « Contre la récupération du handicap par les personnes anti écriture inclusive » (Réseau d’Études HandiFéministes, 2020), des personnes avec un trouble dys ou une déficience visuelle dénoncent le fait que le handicap soit utilisé dans les débats actuels pour s’opposer à l’écriture inclusive. Elles soutiennent leur position en expliquant que :
- D’une part, cette récupération du handicap homogénéise les opinions d’un groupe d’individus variés. Il y a assurément des personnes dyslexiques, par exemple, qui sont en faveur de l’écriture inclusive.
- D’autre part, cet argument place le problème au mauvais endroit. Le problème ne réside pas dans l’écriture inclusive en tant que telle, mais plutôt dans la programmation des logiciels ou, encore, dans la complexité et l’inaccessibilité de la langue française de manière générale.
Mais y a-t-il des études sur la « lisibilité » de l’écriture inclusive? En français, il y a notamment l’étude exploratoire en oculométrie de Girard, Foucambert et Le Mené (2022) qui s’est intéressée aux effets de l’écriture inclusive, sous la forme de doublets abrégés, sur les performances en lecture de sujets « typiques ». Aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre la lecture des doublets abrégés et celle du masculin dans cette étude.
Considérations générales
Découvrez l’article « Le biais masculin de votre cerveau » d’Antonin Rossier-Bisaillon, doctorant en sciences de l’orthophonie à l’Université de Montréal, publié en 2023 dans Le Devoir. Antonin y décrit bien le lien entre la structure de la langue et l’égalité des genres dans la société.
Dans le domaine des langues et de la linguistique, Jennifer Kaplan et Gabrielle Dumais étudient le français non genré tel qu’utilisé par les personnes non binaires. Les écrits de Anne-Marie Beaudoin-Bégin, « l’insolente linguiste », sauront vous illustrer que la langue française peut évoluer (et le fait déjà)!
Dans le domaine des études féministes et de genre, Alexandre Baril s’intéresse à l’intersection entre la langue française et la transidentité.
Les pronoms dans les objectifs thérapeutiques
Un article de Shotwell et Sheng (2021) (en anglais) explore l’idée de cibler les pronoms neutres dans les objectifs thérapeutiques en orthophonie. Les pronoms ont été posés comme un enjeu de santé publique dans un éditorial du American Journal of Public Health (Ross et al., 2022) (en anglais aussi).