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Utiliser un langage respectueux de la pluralité des genres

Vous comprenez qu’il existe plus que deux genres? Vous aimeriez respecter toutes les personnes qui se présentent dans votre bureau (et dans votre vie), mais vous ne savez pas toujours comment vous y prendre? Alors, ce texte est pour vous! Je réponds aux questions que l’on me pose le plus souvent lorsque je divulgue que je suis non binaire.

N.B. – Les éléments présentés ici sont des suggestions plutôt que des règles définitives. Il n’y a pas, à ce jour, de conventions largement établies pour une langue française plus inclusive. Nous en sommes plutôt à explorer les possibilités toustes ensemble. En outre, le langage lié à la pluralité des genres évolue rapidement, d’où l’importance de rester à l’affût.

Le langage non genré à l’oral

Pourquoi et quand devrais-je utiliser un langage non genré à l’oral?

Le langage non genré peut être utilisé pour parler de ou à :

  • un groupe diversifié, dont les membres utilisent une variété de pronoms et d’accords. Ainsi, les membres du groupe se sentent toustes inclus·e·s.
  • une personne dont vous ignorez les pronoms ou accords d’usage, dans une situation où vous pouvez difficilement les lui demander. Cela vise à éviter autant que possible d’utiliser les mauvais pronoms ou accords en référence à autrui (mégenrage) et d’engendrer ainsi des sentiments négatifs chez ellui.
  • une personne qui utilise des pronoms ou accords neutres, comme le font de nombreuses personnes non binaires. De cette façon, vous respectez et favorisez l’autodétermination.

En effet, chacun·e peut choisir ses pronoms d’usage et ses accords d’usage, c’est-à-dire les pronoms et accords qui reflètent le mieux son identité de genre et que les autres sont tenu·e·s d’employer pour lui parler ou pour parler d’ellui. Les options sont multiples!

Pour ses pronoms d’usage, une personne peut :

  • Utiliser un pronom masculin ou féminin (il ou elle)
  • Utiliser un néo-pronom neutre (ni masculin ni féminin)
  • Utiliser une combinaison de pronoms (alterner les pronoms au sein d’une phrase, conversation, journée, semaine, etc.; les associer à certaines personnes ou certains milieux; les utiliser librement, sans nécessairement les alterner ou les associer à des personnes ou milieux)
  • N’utiliser aucun pronom (privilégier le prénom ou surnom à la place)

Pour ses accords d’usage, une personne peut :

  • Utiliser des accords strictement féminins, masculins ou neutres
  • Utiliser une combinaison d’accords (alterner les accords; les associer à certaines personnes ou certains milieux; les utiliser librement)
  • Utiliser des tournures qui ne requièrent pas de faire des accords

De plus, les pronoms et accords d’usage d’une personne peuvent concorder ensemble (p.ex. elle/féminin) ou non (p.ex. elle/neutre).

Existe-t-il des pronoms neutres en français? Si oui, lesquels?

Il existe une multitude de néo-pronoms neutres en français!

Certains néo-pronoms neutres sont dits « inclusifs ». Ils résultent souvent d’une combinaison des pronoms masculins et féminins. Ils peuvent être utilisés pour parler de :

  • un groupe diversifié;
  • une personne dont vous ignorez les pronoms d’usage, dans une situation où vous pouvez difficilement les lui demander;
  • une personne qui utilise des pronoms neutres.

Voici des exemples de néo-pronoms neutres inclusifs :

Catégories de pronomsPronoms neutresExemples
Pronoms personnels sujets : elle/il
  • iel et ses variantes : yel, ielle, etc.

  • ia ou ya, qui s’intègrent particulièrement bien dans le français québécois familier
Ya cogne à la porte depuis quelques minutes.

Iels essaient de se remémorer les exercices de la semaine dernière.
Pronoms personnels complément d’objet indirect : elle/lui, elles/eux
  • ellui, iel, soi

  • elleux, iels, euxes
Est-ce que c’est ellui qui cogne à la porte?

J’essaie de me remémorer les exercices réalisés la semaine dernière avec euxes.
Pronoms personnels complément d’objet direct : la/le
  • lo, lae, lea, lia, li, lu
Je vais aller lo voir.
Pronoms démonstratifs : celle/celui, celles/ceux
  • cellui

  • celleux, ceuxes
Je vais voir cellui qui cogne à la porte.

Ceuxes-ci essaient de se remémorer les exercices de la semaine dernière.

D’autres néo-pronoms neutres sont généralement réservés aux personnes non binaires qui choisissent de les utiliser, dont :

Catégories de pronomsPronoms neutresExemples
Pronoms personnels : elle/il et elle/lui
  • ille, el, ael, im, em, al, ol, ul, yol, olle, ulle, etc.
Ol cogne à la porte depuis quelques minutes.

Je vais aller parler avec al.

Comment faire des accords non genrés en français?

Les accords non genrés sont parfois très faciles à faire, comme pour les mots épicènes ou dans lesquels l’accord ne s’entend pas. En voici quelques exemples :

  • Adjectifs épicènes (à l’oral comme à l’écrit) : agréable, aimable, authentique, brave, calme, enthousiaste, efficace, etc.
  • Adjectifs dans lesquels l’accord ne s’entend pas : cordial·e, exceptionnel·le, fatigué·e, joli·e, jovial·e, poli·e, qualifié·e, etc.
  • Noms épicènes (à l’oral comme à l’écrit) : adulte, camarade, collègue, élève, orthophoniste, spécialiste, thérapeute, etc.
  • Noms dans lesquels l’accord ne s’entend pas : ami·e, employé·e, invité·e, professeur·e, rival·e, etc.

D’autres mots requièrent une attention particulière.

Voici des suggestions concernant les accords de mots grammaticaux :

Mots grammaticauxAccords neutresExemples
Articles définis la/le
  • lae, lea, lia, lo, li, lu
J’ai contacté lo collègue d’Alex.
Articles indéfinis une/un
  • an, um
J’ai contacté um collègue d’Alex.
Préposition de la/du
  • do
J’ai reçu un message do collègue d’Alex.
Préposition à la/au
  • à lo
J’ai laissé un message à lo collègue d’Alex.
Pronoms possessifs :
ma, ta, sa/mon, ton, son
  • man, tan, san
  • maon, taon, saon
  • mo, to, so
J’ai contacté san collègue.

Voici des suggestions concernant les accords de mots lexicaux :

Mots lexicauxAccords neutresExemples
Mots finissant par -te, -de, -ve au féminin
  • -s (prononcé /s/ ou /ts/)
  • -x (prononcé /ks/)
L’étudians ne s’attendait pas à remporter le concours de dessins.

Ol était émotix et contenx d’apprendre la bonne nouvelle!
Mots finissant par -se, -sse, -ce au féminin
  • -xe (prononcé /ks/)
Ol était surprixe et heureuxe d’avoir gagné.

Ses camarades, surtout les plus douxes et les moins jalouxes, l’ont félicité·e.
Mots finissant par -esse au féminin
  • -é/-æ (prononcé /e/)
Ille dessine um princé.
Mots finissant par -enne, -onne, -ienne, -ière, -une, -ane au féminin
  • -an (prononcé /ã/)
Ille dessine an sorcian, an magician et an paysan.
Mots finissant par -ice au féminin (et l’ensemble des mots dont les terminaisons au masculin et féminin se combinent bien)
  • mots-valises
Ille fait un dessin pour san belleau éducateurice.
Mots embêtants divers
  • pause entre les accords au masculin et au féminin
San éducateurice est si gentil … le.

J’aimerais qu’iel soit lo mien … ne.

Les règles suggérées ne couvrent qu’une partie des situations grammaticales potentiellement embêtantes. Vous êtes encouragé·e·s à :

  • Chercher si d’autres personnes se sont penchées avant vous sur des versions non genrées d’un mot particulier. Par exemple, si vous étiez embêté·e par les mots « sœur » et « frère », une recherche rapide sur Google vous permettrait de repérer les options non genrées « frœur » et « adelphe ».
  • Faire preuve de créativité!

Références

Alexatseawriter (2017). Le langage neutre en français : pronoms et accords à l’écrit et à l’oral. https://entousgenresblog.wordpress.com/2017/04/19/quels-pronoms-neutres-en-francais-et-comment-les-utiliser/

Divergenres. Règles de grammaire neutre et inclusive. https://divergenres.org/wp-content/uploads/2021/04/guide-grammaireinclusive-final.pdf

Egale & Fondation Émergence. (2020). Grammaire neutre et langage neutre. https://egale.ca/awareness/grammaire-de-genre-neutre-et-langage-inclusive/

Gé.e & Eliott (2020). Comment on choisit son pronom? French Mon Genre [Balado]. https://baladoquebec.ca/french-mon-genre/comment-on-choisit-son-pronom

La vie en queer. (2018). Le langage dans la communauté non-binaire 2017. https://lavieenqueer.files.wordpress.com/2018/07/le-langage-dans-la-communautc3a9-non-binaire-2017-la-vie-en-queer.pdf

Loustoni. (2019). Comment parler d’une personne non-binaire. Wiki Trans. https://wikitrans.co/2019/12/25/comment-parler-dune-personne-non-binaire/

L’écriture inclusive

Pourquoi et quand devrais-je utiliser l’écriture inclusive?

Vous devriez utiliser l’écriture inclusive pour vous adresser à :

  • un groupe diversifié quant aux pronoms et accords utilisés par ses membres. Ainsi, les membres du groupe se sentiront toustes inclus·e·s.
  • une personne dont vous ignorez les pronoms et accords d’usage, dans une situation où vous pouvez difficilement les lui demander. Ainsi, vous éviterez de mégenrer autrui (utilisation des mauvais pronoms et accords) et d’engendrer des sentiments négatifs chez ellui de cette façon.
  • une personne qui utilise des pronoms et accords neutres, comme le font de nombreuses personnes non binaires. Ainsi, vous respecterez et favorisez l’autodétermination.

Devriez-vous utiliser l’écriture inclusive dans vos documents écrits? Ce serait un très beau geste de le faire! Vous pourriez accompagner vos documents d’une petite note, telle que :

L’écriture inclusive sera utilisée dans ce document. Elle vise à respecter la pluralité des genres. Les points médians (·) seront adoptés, ainsi que des néologismes inclusifs comme iels (plutôt que elles ou ils) et elleux (plutôt que elles ou eux).

Comment écrire de façon inclusive?

Dans l’écriture inclusive de la pluralité des genres, on cherche à éliminer autant que possible les marques de genre. Par exemple, dans les formules d’appel, on peut écrire simplement « bonjour » plutôt que « madame » ou « monsieur ».

Voici quelques stratégies à privilégier pour écrire de façon inclusive :

StratégiesExemples
Formulations neutres (noms collectifs, termes épicènes)L’équipe de soins est sympathique et aimable.
Évitement de tournures genréesL’équipe de soins fait preuve de bienveillance et de gentillesse.
Néologismes [1]Les intervenans sont toustes bienveillans et gentiles.
Doublets abrégés [2] Les intervenant·e·s sont tout·e·s bienveillant·e·s et gentil·le·s.

[1] Voici quelques néologismes fréquents :

FémininMasculinNeutre
Elle(s)Il(s)Iel(s)
Elle(s)Lui/euxEllui/elleux
CelleCelui/ceuxCellui/celleux ou ceuxes
ToutesTousToustes
LaLeLo, lae ou lea
Ma, ta, saMon, ton, sonMan, tan, san
Maon, taon, saon
MadameMonsieurMondame, Mixe (Mx) ou Monêtre/Monestre (Mn)

[2] Il n’y a pas de consensus quant au symbole à utiliser pour les doublets abrégés. Le point médian (p.ex. intervenant·e) a l’avantage de n’avoir aucun autre usage en vigueur. Pour en faciliter l’utilisation à l’ordinateur, vous pouvez, entre autres, installer l’extension Chrome Ecriture·Inclusive·Facile ou programmer le point médian sur votre clavier (p.ex. avec AutoHotkey Script).

Les autres symboles couramment utilisés pour les doublets abrégés sont le point (p.ex. intervenant.e), lettre majuscule (intervenantE), le tiret (intervenant-e), la parenthèse (intervenant(e)) et la barre oblique (intervenant/e).

La version longue des doublets (p.ex. toutes les intervenantes et tous les intervenants) est à éviter parce qu’elle reste très attachée à une conceptualisation binaire du genre.

L’écriture inclusive est-elle accessible (p.ex. trouble de langage)?

Des questions se posent effectivement sur l’accessibilité de l’écriture inclusive pour les personnes présentant des difficultés au niveau du langage écrit ou oral.

Malheureusement, il y a peu (voire pas) de résultats probants sur le sujet pour l’instant. Les orthophonistes et chercheur·e·s pourraient justement contribuer à développer des connaissances et stratégies pour rendre l’écriture aussi inclusive et accessible que possible, en prenant en compte un maximum de critères de discrimination sociale. Restons à l’affût!

Entre-temps, une bonne recommandation pourrait être de limiter l’usage des doublets abrégés et de favoriser plutôt d’autres stratégies (formulations neutres, évitement de tournures genrées, néologismes). Les doublets abrégés coupent notamment la lecture lors de l’utilisation des fonctionnalités de « lecture à voix haute » dans diverses applications.

Références

Ashley, F. (2019). Les personnes non-binaires en français: une perspective concernée et militante. H-France Salon, 11(14). https://www.florenceashley.com/uploads/1/2/4/4/124439164/ashley_les_personnes_non-binaires_en_fran%C3%A7ais_-_une_perspective_concern%C3%A9e_et_militante.pdf

Bureau de la traduction. (2021). Écriture inclusive : correspondance. Services publics et Approvisionnement Canada. https://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2guides/guides/clefsfp/index-eng.html?lang=eng&lettr=indx_catlog_e&page=9CljS-UkLxu8.html#zz9CljS-UkLxu8

Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie. (2019). Inclusivement : Guide d’écriture pour toutes et tous. Université de Montréal. https://francais.umontreal.ca/soutiller-en-francais/ecriture-inclusive/

Egale & Fondation Émergence. (2020). Grammaire neutre et langage neutre. https://egale.ca/awareness/grammaire-de-genre-neutre-et-langage-inclusive/

Miller, M. D. (2021). Guide de recherche en écriture inclusive. Montréal : Bibliothèque de l’Université McGill. https://libraryguides.mcgill.ca/ecritureinclusive

Mots-Clés. (2019). Manuel d’écriture inclusive : Faites progresser l’égalité femmes · hommes par votre manière d’écrire. https://chairedspg.uqam.ca/wp-content/uploads/2019/04/Mots-Cléfs-Manueldécritureinclusive.pdf

Les aspects pragmatiques

Comment demander les pronoms et accords d’usage?

De façon générale, une bonne façon de procéder est de commencer par préciser vos propres pronoms et accords d’usage et de laisser l’autre préciser les siens s’iel le veut.

Dans un groupe, il est préférable de ne pas demander uniquement les pronoms d’une personne que l’on « suspecte » d’être trans ou non-binaire, car cela pourrait la mettre dans une situation inconfortable, voire dangereuse. Vous pouvez plutôt :

  • Faire un tour de table pour donner l’occasion à ceuxes qui le veulent de préciser leurs pronoms et accords d’usage. Les allié·e·s des communautés LGBTQ+ sont encouragé·e·s à amorcer de tels tours de table et à préciser leurs pronoms et accords d’usage. Notez que, durant le tour de table, certain·e·s pourraient ne pas vouloir partager leurs pronoms et accords d’usage pour de multiples raisons, comme le fait de questionner leur identité de genre ou de ne pas être prêt·e·s à la divulguer. Nul·le ne devrait s’y sentir obligé·e.
  • Attendre de vous retrouver en privé avec une personne dont vous ne connaissez pas les pronoms et accords d’usage pour les lui demander.

Est-ce que je devrais utiliser les pronoms et accords d’usage d’une personne dans tous les contextes?

Vous devriez utiliser ses pronoms et accords d’usage dans tous les contextes dans lesquels la personne souhaite que vous les utilisiez.

Vous devriez faire attention à éviter la divulgation involontaire (« outing »), soit l’action de rendre publique l’identité de genre d’une personne trans ou non binaire sans son consentement. Le consentement, ça commence avec une conversation! En cas de doute, vous pouvez discuter avec la personne concernée pour lui demander les contextes dans lesquels elle souhaite que vous utilisiez ses pronoms et accords d’usage. Si vous vous trouvez dans une situation où cela n’est pas possible, une bonne stratégie est d’éviter de genrer la personne, d’écouter les façons dont elle parle d’elle-même et de reprendre celles-ci jusqu’à ce que vous puissiez clarifier auprès d’elle.

Précisons qu’une personne trans ou non binaire n’a pas à divulguer sa transidentité à tout le monde. La divulgation (« dévoilement » ou « coming out ») implique de naviguer parmi les attentes des autres en lien avec le genre, de même que les réactions anticipées et réelles des autres et le risque de violence. C’est un processus continu et complexe, c’est-à-dire que la question de la divulgation se pose à chaque nouvelle rencontre et que les personnes trans ou non-binaires doivent souvent prendre des décisions stratégiques en fonction de contextes sociaux spécifiques. Vous êtes tenu·e·s de respecter ces décisions.

Est-ce que je devrais attendre de maîtriser les pronoms et accords neutres avant de les utiliser?

Il faut forger pour devenir forgeron! Les orthophonistes et étudians en orthophonie sont particulièrement bien placé·e·s pour le comprendre : la pratique est nécessaire pour s’améliorer et les erreurs font partie du processus d’apprentissage.

En particulier, si une personne vous dit qu’elle préfère les pronoms et accords neutres, vous devriez les utiliser du mieux que vous le pouvez. Si vous faites de votre mieux, votre attitude sera généralement perçue comme affirmative, malgré quelques erreurs et maladresses! Si vous ne le faites pas, cela pourrait être interprété comme invalidant ou blessant.

Vous pouvez prendre des moments pour vous pratiquer avec d’autres personnes afin de favoriser l’intégration des nouveaux pronoms et accords dans votre discours de tous les jours.

Enfin, rappelez-vous d’être gentiles et patienx avec vous-mêmes. Utiliser des pronoms et accords moins habituels requiert une certaine « gymnastique mentale » au début, mais c’est faisable et ça en vaut les efforts!

Qu’est-ce que je devrais faire si je réalise que j’ai fait une erreur?

  1. Restez calme!
  2. Excusez-vous gentiment et succinctement.
  3. Reprenez-vous : « Je voulais dire X. »
  4. Poursuivez la conversation.

À éviter :

Prétendre ne pas avoir fait d’erreur, ou minimiser les impacts que votre erreur pourrait avoir sur l’autre.

Vous excuser à outrance.

Si jamais la personne réagit mal à votre erreur, dites-vous que l’incident est peut-être simplement la goutte qui fait déborder le vase. Les maladresses des autres, lorsqu’elles sont fréquentes, peuvent s’accumuler et devenir lourdes à porter. La réaction de la personne n’est probablement pas dirigée envers vous.

Enfin, une mauvaise réaction peut constituer une opportunité de réflexion. Lorsqu’on grandit dans une société hétéro- et cisnormative, on développe des « schémas hétéronormatifs », c’est-à-dire un ensemble de croyances et d’attitudes qui présupposent l’existence de deux genres (femme et homme) et sexes (féminin et masculin) complémentaires, ainsi que le caractère davantage normal ou naturel de l’hétérosexualité. Ces schémas sont largement inconscients et, comme des habitudes, ils sont difficiles à changer. Qu’on le veuille ou non, ils influencent nos perceptions et comportements.

Le Test d’Associations Implicite (TAI) est un bon point de départ pour prendre conscience de certains de nos biais implicites.

Est-ce que je devrais écrire mes pronoms et accords d’usage avec mon nom (p.ex. dans ma signature de courriel, sur Zoom?)

Oui! En effet, si les personnes trans et non-binaires sont les seules à partager leurs pronoms et accords de manière directe, cela les force à divulguer leur transidentité pour qu’on s’adresse à elleux correctement. Afin de normaliser le partage des pronoms et accords d’usage, vous pouvez prendre des actions comme celle d’écrire les vôtres avec votre nom. Voici un exemple de signature de courriel :

À bientôt,
PRÉNOM NOM
Orthophoniste extraordinaire
*Pronoms elle/elle et accords féminins
Vous pouvez en apprendre plus sur les pronoms ici.

Il y a plusieurs bonnes façons d’indiquer ses pronoms. Voici quatre façons de faire parmi d’autres.

Option 1. Pronom personnel sujet/pronom personnel complément d’objet indirect. Cette option s’applique bien pour les personnes qui utilisent des pronoms exclusivement féminins, masculins ou neutres, par exemple :

  • En français : elle/elle, il/lui, iel/ellui, etc.
  • En anglais : she/her, he/him, they/them, etc.

Option 2. Juxtaposition de pronoms personnels sujets. Cette option s’applique bien pour les personnes qui utilisent plusieurs pronoms, par exemple :

  • En français : ille/elle, il/ol, elle/il, etc.
  • En anglais : she/they, he/they, she/he, etc.

Option 3. Pronom personnel sujet/accords. Cette option peut être particulièrement efficace en français, par exemple :

  • Elle/féminin, ya/masculin, ol/neutre, etc.

Option 4. Pronoms en français/en anglais. Cette option est utile en contexte de bilinguisme au Québec, par exemple :

  • Elle/she/her, il/he/him, ille/they/them, etc.

Références

Brumbaugh-Johnson, S. M., & Hull, K. E. (2019). Coming out as transgender: Navigating the social implications of a transgender identity. Journal of homosexuality66(8), 1148-1177. https://doi.org/10.1080/00918369.2018.1493253

Bureau de la traduction. (2019). Lexique sur la diversité sexuelle et de genre. Services publics et Approvisionnement Canada. https://www.btb.termiumplus.gc.ca/publications/diversite-diversity-fra.html

Dean, M. A., Victor, E., & Guidry-Grimes, L. (2016). Inhospitable healthcare spaces: why diversity training on LGBTQIA issues is not enough. Journal of bioethical inquiry, 13(4), 557-570. https://doi.org/10.1007/s11673-016-9738-9

Lesbian, G., Bisexual, Transgender, Queer Plus (LGBTQ+) Resource Center. (2021). What if I make a mistake. https://uwm.edu/lgbtrc/qa_faqs/what-if-i-make-a-mistake/

Simon, A. (2020). L’importance des pronoms. TransAvenue. https://blog.grsmontreal.com/importance-des-pronoms/

Tajeddine, L., & Crémier, L. (2021). Mieux nommer et mieux comprendre : changer de regard sur les réalités de genre et les enjeux trans. Conseil québécois LGBT. https://conseil-lgbt.ca/wp-content/uploads/2023/05/Tajeddine-et-Cremier-CQLGBT-2021-Enjeux-trans-diversite-de-genre.pdf


Ce texte a été rédigé dans le cadre d’un projet de promotion menant à l’obtention de la maîtrise professionnelle en orthophonie. Il a d’abord été publié sur un blog distinct, avant d’être rapatrié sur le site Web de L’orthophonie pour toustes.

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